« Répéter les mêmes faits, les dates ou âges qui ont fait le roman familial est une manière pour nous d’honorer nos ancêtres et de vivre en loyauté avec eux ». Mais à quel prix!  Anne Ancelin-Schützenberger.

C’est dans les années 1990 que le terme de génosociogramme apparaît, mis au point par la psychanalyste Anne-Ancelin SCHUTZENBERGER. Collaboratrice de MORENO (fondateur du psychodrame dans les années 1920), Grégory BATESON et Françoise DOLTO. Elle affine ses techniques de thérapie et souligne l’importance du langage du corps et du travail en dynamique de groupe.

Des concepts fondamentaux apparaissent avec la pratique du génosociogramme : secret familial, syndrome anniversaire,  loyauté invisible ou encore dette transgénérationnelle, concepts utilisés et développés aujourd’hui par des thérapeutes spécialisés. L’auteure développe ses thèses et les rend accessibles au grand public dans son livre « Aïe mes aïeux » Ed. Desclée de Brower, 1993 (édition complétée en 2004).

Ces blocages, fixations et répétitions sont mis à jour lors de la pratique du génosociogramme. Ils participent à nous délivrer de traumatismes hérités qui vivent en nous et sont la cause de nombre de nos difficultés et somatisations.

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C’est en travaillant avec des malades atteints de cancer en phase terminale que Anne Ancelin Schützenberger repère et découvre ce syndrome d’anniversaire. En recherchant dans l’histoire de la famille de ses patients, elle étudie et interprète les répétitions de structures ou d’âges, de dates, de prénoms, de professions ainsi que les coïncidences.

Elle découvre qu’un cancer se déclenche parfois à la date anniversaire ou à l’âge auquel une mère, un grand-père ou une tante étaient, précédemment, morts  de cette maladie. Ces « coincidences » se manifestent aussi à l’occasion d’autres maladies graves, accidents, suicides, etc.

Ce constat expliquerait, alors, que certaines personnes se sentent angoissées ou déprimées chaque année, à la même époque sans connaître les raisons de ces symptômes ni se rappeler qu’il s’agit de la période anniversaire de la mort d’un membre de la famille qu’elles n’ont pas obligatoirement connu personnellement.

D’autre part, chacun a pu remarquer que la naissance d’un enfant correspondait souvent  au jour de l’anniversaire ou de la mort d’un membre de sa famille, ou même parfois à la même date qu’un évènement familial critique.

Ces répétitions qui  traduisent une similitude du contexte familial , constituent le syndrôme d’anniversaire et s’inscrivent dans  l’inconscient transgénérationnel. « Répéter les mêmes faits, les dates ou âges qui ont fait le roman familial est une manière pour nous d’honorer nos ancêtres et de vivre en loyauté avec eux. » A.A-S.

 

Patricia Serin, octobre 2010

 Pour aller plus loin : 

  •  Chantal Rialland, « Cette famille qui vit en nous », éd. Robert Laffont, Paris, 1994; éd. Marabout, 2000
  • Hervé Scala, Mireille Scala, « Des ancêtres encombrants ? Se réconcilier avec son histoire familiale », éd. Le Souffle d’Or, 2004
  •  Patrice Van Erseel et Catherine Maillard, « J’ai mal à mes ancêtres: la psychogénéalogie aujourd’hui », éd. Albin Michel, Paris 2002
  • Emilie Pécheul, « Réenchanter son histoire familiale, petite introduction à la psychogénéalogie », éd. Arsis, 2008